Joseph Roques (1757-1847)

Lot 123
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Estimation :
6000 - 8000 EUR
Joseph Roques (1757-1847)
Minerve protégeant la France que présente le duc de Bordeaux Huile sur toile 96 x 48 cm. Bibliographie :  - J. Penent, «Toulouse et le Néo-classicisme» in Patrimoine public et Révolution française, Toulouse, 1989, p.268   Intéressante redécouverte d'un modello, vraisemblablement pour une oeuvre monumentale, de ce rare artiste néoclassique toulousain, premier maître d'Ingres.   Les naissances au sein des familles de la haute aristocratie - à fortiori les familles royales -  en plus de donner lieu à des réjouissances publiques (messes en action de grâce, banquets, bals, feux d'artifices, etc.) sont régulièrement prétextes à des commandes artistiques célébrant la puissance ou la bénédiction dont jouit une dynastie. En France, on se souvient que Rubens, dans son cycle de 1621-1625 consacré à la vie de Marie de Médicis commandé pour le Palais du Luxembourg, avait commémoré, tour à tour, la naissance de Marie de Médicis (Louvre, inv. 1770) et la naissance de Louis XIII (Louvre, inv. 1776) sur un mode de représentation allégorique. Cette tradition picturale va se perpétuer tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, de Gabriel Blanchard (Allégorie de la naissance de Louis XIV, 1663, Versailles, inv. MV7039) à François-Guillaume Ménageot (Allégorie de la naissance du Dauphin, 1781, Versailles, inv. MV 6766).   La naissance d'Henri d'Artois, duc de Bordeaux, le 29 septembre 1820, est un évènement politique d'une portée considérable : d'une part, elle est la première naissance d'un mâle dans la famille des Bourbons de France depuis 1785 (et la naissance du futur Louis XVII), permettant l'espoir d'une poursuite de la dynastie, d'autre part, elle intervient six mois après l'assassinat de son père, le duc de Berry (1778-1820), qui était alors l'unique «mâle en état de procréer» de la famille. Cet «enfant du miracle» jouira dès lors d'une popularité rarement constatée, que le régime fragile de la Restauration saura habilement encourager.   Si de nombreuses compositions allégoriques voient le jour pour célébrer cette naissance, elles sont le plus souvent réalisées en estampe, afin de faciliter leur diffusion. Parmi les allégories peintes les plus notables sur le sujet, signalons celle Jean-Charles Tardieu-Cochin (Rouen, Musée des Beaux-Arts, inv.1821.1), exposée au Salon de 1822.   Parmi les autres dispositifs visuels mis en place pour exciter la liesse populaire et magnifier la dynastie en place, citons les «transparents monumentaux», une «nouveauté» popularisée sous le Premier Empire Français.  On garde bonne mémoire, à Paris, d'un des plus importants de ce genre, installé dans la grande arcade du premier étage du pavillon d'entrée du Sénat, qui servit à l'occasion du second mariage de Bonaparte, puis de la naissance de son héritier. Les dessins pour ces deux transparents étaient dû à Louis Laffite (1770-1828). L'architecte Nicolas Goulet décrit le premier, en 1810 : «L'arcade du second ordre était rempli par un grand sujet transparent, représentant le sénat, sous l'emblême d'une Minerve , appuyée sur le dépôt sacré de la constitution de l'empire, tenant d'une main le symbole de la Prudence, et recevant de l'autre l'acte d'alliance de LL. MM., que lui deux génies présentent» (Fêtes a l'occasion du mariage de S. M. Napoléon..., Paris, Soyer, 1810. pl.13, 14). Pour le second évènement, l'aquarelle préparatoire est conservée au château de la Malmaison (inv. MM.40.47.3246) : Minerve veille, casquée, sur le berceau du nouveau-né et lui tend un rameau d'olivier.   Notre modello, qui met également en scène une allégorie de Minerve (dont on a vu, à deux reprises, qu'elle était associée au Sénat), et qui présente la même particularité d'une partie supérieure cintrée, pourrait correspondre à une commande similaire, très vraisemblablement non réalisée, pour cette fameuse arcade du pavillon d'entrée du Sénat.   Il est également intéressant de noter que la figure de Minerve semble une citation de celle, réalisée en marbre, en 1817, par le camarade toulousain de Roques, Louis-Antoine Romagnesi (1776-1852), laquelle oeuvre est aujourd'hui au musée des Augustins (inv. 2004 1 212).   Joseph Roques, peintre à la longue carrière débutée en 1772, a été le témoin des nombreux bouleversements politiques qui ont agité la France, et sa ville de Toulouse. Bien qu'ayant, en son temps, exécuté des tableaux d'inspiration plutôt «girondine» : La Fête de la Fédération (1790 - Musée des Augustins, inv. RO 243), La mort de Marat (1793 - Musée des Augustins, inv. RO 244), La fin de la Montagne (1796) ; il semble avoir été de ceux qui accueillirent, en 1815, la Restauration des Bourbons avec un enthousiasme poli.  Un de ses plus poignants autoportraits, vers 1815, le représente d'ailleurs tenant un portrait dessiné de Louis XVIII (Musée des Augustins, inv. 51 1 1). Toulouse avait d'ailleurs fait un accueil très chaleureux au duc d'Angoulême, en 1814, ainsi qu'à la duchesse son épouse, en 1815. Lorsque le duc d'Angoulême reviendra de la campagne d'Espagne
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