Lot n° 359
Estimation :
12000 - 15000
EUR
Résultats sans frais
Résultat
: 32 000EUR
Fernand THESMAR (1843-1912)
Coupe en émaux plique-à-jour et cloisonnés d'or, talon et lèvre en or 1892.
H.: 5 cm. Diam: 9 cm.
(cheveux habituels, deux petits manques)
Note:
Dessinateur, il a la précision sans sécheresse ; coloriste, il sait toutes les harmonies. Il a l'imagination qui crée et le goût qui la règle. Emailleur il inventa une technique nouvelle, miracle de science, d'adresse et d'ingéniosité. Il n'est pas seulement au premier rang des émailleurs : il est le premier.
Ces mots d'Armand Caillat pour qualifier le talent de Thesmar se vérifie une nouvelle fois dans notre chef-d'oeuvre d'émail plique-à-jour. Création précoce dans la carrière de l'artiste, cette coupe est datée 1892. Elle est très vraisemblablement celle qui a été exposée au Salon National des Beaux-Arts qui s'est tenu sur le Champ-de-Mars la même année. Notre coupe est en effet décrite et illustrée dans La Revue des Arts Décoratifs de la même année (fig.1)
Sa composition et ses dimensions sont les mêmes qu'une autre coupe exposée au Salon l'année précédente mais avec des réserves jaunes sur fond noir. Cette dernière fut achetée pour le Musée du Luxembourg et se trouve aujourd'hui au Musée d'Orsay (OA3288). Cette composition se retrouve sur une troisième œuvre, exposée au Musée des Arts Décoratifs de Paris (Inv.6269), et autrefois présentée au pavillon de l'UCAD en 1900. (fig. 2 et 3)
Cette technique d'émaux translucides et sans fond inspirée du vitrail est ressuscitée par Thesmar à la fin des années 1880. La dimension de ses ouvrages relève du prodige. De fait, Thesmar fut le seul à savoir les réaliser ces coupes et ne fut jamais imité, encore moins égalé.
Seulement une douzaine de coupe de ce diamètre sont aujourd'hui recensées, toutes à une exception conservée dans des musées à travers le monde. (Baltimore, Walters Art Museum, Inv. 44572 et 44573 - Toledo Museum of Art, Inv. 2005-43 - Metropolitan Museum de New-York, Inv. 05.10.2 - Victoria & Albert Museum de Londres, Inv. 357-1894)
La dernière coupe de Thesmar du même diamètre que la notre a avoir été présentée aux enchères à notre connaissance datait également de 1892. (Vente Beaussant-Lefèvre, 17 décembre 2010, lot 271 (106.000) Elle avait partagé la vitrine du même Salon.
Ces pièces spectaculaires ont séduit les contemporains de Thesmar et lui ont valu les louanges unanimes de la critique, à commencer par Vogt, le directeur de la Manufacture de Sèvres pour qui Thesmar travailla. Après dix ans de recherches ponctuées de quelques chefs-d'oeuvres, Thesmar connait un triomphe à l'Exposition Universelle de 1900 où il fut classé hors concours. Louis de Foucaud parla de « défi aux possibilités humaines, Mourey de « cloisons arachnéennes ». Armand Caillat d'un « artiste complet.
Réclamé aux Etats-Unis pour enseigner son art, Thesmar demeura en France et mourut avant la guerre, laissant à la postérité une oeuvre qui n'a pas cesser de fasciner les amateurs.
Bibliographie:
L. de Fourcaud, Les Arts décoratifs au Salon de 1892 in Revue des Arts Décoratifs, Paris, 1892, p.12 et s.
G. Vogt, Rapports du jury international (...), Paris, 1901, p.36
A. Calliat et H. Bouillet, Rapports du Jury International. Classe 94, Paris, 1902, p.230-231.
G. Mouray, „Fernand Thesmar, 1843-1912,“ in Les Arts, 1912, pp. 19-22.
R. de Plinval de Guillebon, Fernand Thesmar, émailleur sur cuivre, or et porcelaine, in Estampille, l'Objet d'art. Janvier 1994, n°276.
A. Duncan, The Paris Salons, 1895 - 1914, - Volume V : Objets d'art and Metalwear, Londres, 1999. p. 510
Provenance:
Baronne V en 1892, Collection particulière du sud de la France au début des années 50, Collection particulière, Paris.
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